EFFIGIES


Designed to capture reality with precision, the scanner becomes here a tool of distortion. Instead of rendering a clear image, it records the impermanence of a body that always seems to elude its own definition. Each scan is unrepeatable, like a failed attempt to grasp oneself fully.
First shaped by external gazes —tender or unkind— the flesh fragments itself under the weight of expectations, norms, and wounding. The scanner pieces these fragments back together differently, building an image of the self that no longer needs to be smooth, harmonious, or beautiful, but fluid, elusive, and untamed. It gives form to dysmorphic, sometimes nightmarish visions, where the body becomes an unfamiliar vessel, difficult to fully grasp.
Depending on the light, framing, and movement, features shift between ethereal softness and unsettling dislocation. The boundary between reality and imagination blurs, opening a grey area, between presence and disappearance.



FR- Le scanner, conçu pour capturer fidèlement la réalité, devient ici un outil d’altération. Plutôt que de rendre une image précise, il enregistre l’impermanence d’un corps qui semble toujours échapper à sa propre définition. Chaque passage est irréplicable, comme une tentative avortée de se saisir pleinement.
D’abord modelée par les regards extérieurs – tendres ou hostiles – la chair se fragmente sous le poids des attentes, des normes et des violences. Le scanner recolle ces morceaux autrement, livrant une image de soi qui n’a plus à être lisse, harmonieuse ou belle, mais mouvante, insaisissable, affranchie. Il matérialise les visions dysmorphiques, parfois cauchemardesques, qui transforment le corps en vaisseau étranger, difficile à envisager.
Selon la lumière, le cadrage et le mouvement, les portraits oscillent entre douceur éthérée et dislocation dérangeante. La frontière entre le réel et l’imaginaire s’efface pour laisser place à une zone grise; entre présence et disparition.










CELESTIAL BODIES


Medical imaging captures what the eye can't perceive: the inner mark of time, the imprint of a shock. It records, categorizes and diagnoses with clinical detachment, without revealing what pain does to the soul, or how the body remembers and redefines itself.
Here, through digital manipulation, X-rays and MRIs are reborn as organic maps. Fragments of anatomy are stretched, transmuted and transformed. Rigidity gives way to fluidity, and movement returns to the body. Bones, tissues, and internal lines recombine, revealing unexpected landscapes. Each injury becomes a shifting territory - it no longer is just about witnessing it, but about feeling it as well.
My work invites us to release the initial anguish when facing trauma, to open a dialogue between art and science, to embrace the body's vulnerability and honor its resilience.


FR- CORPS CELESTES - L’imagerie médicale fige ce qui échappe au regard: l’impact intérieur du temps, l’empreinte d’un choc. Elle enregistre, classe et diagnostique avec une froideur clinique, sans dire ce que la douleur impose à l’âme, ni comment la chair se souvient et se réinvente.
Par un processus d’altération digitale, radios et IRM renaissent ici en des cartographies organiques. Ces fragments d’anatomie sont étirés, transmutés, métamorphosés. La rigidité laisse place à la fluidité et le mouvement est rendu au corps. Les os, tissus et lignes internes se recomposent jusqu’à laisser émerger des paysages insoupçonnés. Chaque blessure est un territoire en mutation; il ne s’agit plus simplement d’en être témoin mais aussi de le ressentir.
Mon travail est une invitation à se délester de l’angoisse initiale qui surgit face au traumatisme, à ouvrir un dialogue entre l’art et la science pour apprivoiser la vulnérabilité du corps et honorer sa résilience.

Robin - Cheville / Ankle


No name - Crâne / Skull



Quentin - Crâne / Skull



Nicolas - Coude / Elbow


Jenni - Pied / Foot

Malou - Cheville / Ankle

Florence (self-portrait) - Bassin / Pelvic Floor

BINGO



An ID photo is meant to capture a face with absolute accuracy—a fixed reference that confirms identity, legitimizes presence, and allows recognition. But what happens when that certainty fractures, when a single face is lost among near-perfect imitations?
Bingo presents one hundred portraits: only one is real, while the other ninety-nine have been generated by artificial intelligence. By placing a tool of verification against one of fabrication, this project questions what makes a face unmistakably its own. What are the imperceptible details that allow recognition? How easily does identity blur?
Some faces seem too polished, too perfect; others slightly exaggerated, almost unnatural. But the longer one looks, the more the distinctions collapse. Even my own parents failed to pick out my real face, and I had to position it carefully within the grid to avoid losing it myself.
Bingo explores the instability of self-perception in an era of artificial replication. Is identity a collection of distinct features, or something more fleeting—an impression, a familiarity that resists definition? In this shifting landscape, the certainty of recognition turns into a gamble.



FR- Référence officielle d’un visage à un instant donné, la photo d’identité atteste d’une existence et peut légitimer une présence dans la société. Mais que reste-t-il de cette certitude lorsque la photo se multiplie et se dilue parmi des simulacres ?
Bingo présente cent photos: une seule est réelle, les quatre-vingt-dix-neuf autres ont été générées par intelligence artificielle. En confrontant un médium d’authentification à un outil de falsification, ce projet interroge ce qui définit l’individualité d’un visage. Quels détails rendent mes traits reconnaissables ? À quel point la perception de mon identité est-elle malléable ?
À première vue, certains visages semblent trop lisses, trop parfaits. D’autres légèrements exagérés, voire caricaturaux.
Mais plus l’observation se prolonge, plus les certitudes s’estompent. Mes parents n’ont pas su reconnaitre mon véritable visage, et j’ai du le placer à un endroit spécifique de la grille pour ne pas le perdre moi-même.
Bingo questionne la fragilité de notre propre image face à l’intelligence artificielle.
L’identité est-elle une somme de caractéristiques visuelles précises ou une impression plus diffuse ? Dans cet espace de doute, la conviction de se reconnaître devient un jeu de hasard.

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